Laboratoire d’Archéologie du Lauragais

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Samedi 28 avril 2018

La maison médiévale en Toulousain d’après les textes et l’iconographie

Marie-Claude Marandet, Professeur émérite, Université de Perpigan via Domitia

Au musée Eburomagus, à l’invitation de Lab Archéo et devant un auditoire attentif, Marie Claude-Marandet, professeur émérite à l’Université de Perpigan a donné une conférence tirée de ses recherches sur la Maison médiévale en Toulousain.

Quelques maisons, celles des notables urbains ou des autorités judiciaires ou consulaires subsistent en élévation, parfois fortement restaurées. Comment approcher la maison modeste des XIIIe-XVe siècles, celle de l’artisan ou du paysan ?

Les sources écrites ne sont pas toujours très exhaustives en Toulousain. Il faut glaner des renseignements épars, dans les actes réglementaires, les sources fiscales et surtout dans les registres notariaux. En effet, à l’occasion de la vente ou de la location d’un bien immobilier, on signale la nature des matériaux qui le constituent, la présence d’un étage, parfois la superficie.

Les ressources locales étant mises en œuvre en priorité, l’argile est le matériau dominant. Elle peut être utilisée crue (tapias, tapial), sous la forme de pisé, de bauge (paquets de terre crue juxtaposés) ou d’adobes (briques fabriquées dans des moules et séchées au soleil). La terre crue est facile à mettre en œuvre et elle constitue un bon iso­lant, on ne l’emploie pas, seulement, pour une question de prix. Les adobes peuvent être employés seuls, ils peuvent, comme le pisé ou la bauge, servir à combler les vides, dans le cas de maisons à pan-de-bois, attestées en Lauragais. Un crépi protecteur recouvrant le tout.
Les superficies au sol sont de l’ordre de 50 m2 à 100 m2, sur deux niveaux le plus souvent, le rez-de-chaussée assurant des fonctions multiples, abri pour les animaux, stockage, cellier, la partie habitat étant plutôt à l’étage.

Les actes les plus intéressants sont les inventaires dressés après décès d’un individu, les pièces sont parfois énumérées par le notaire avec ce qu’elles contiennent.
La maison la plus courante comprend l’aula , salle commune, sorte de pièce à vivre qui regroupe les fonctions de préparation et cuisson des aliments, sert de rési­dence au et parfois aussi de chambre camera,(une pièce qui sert aussi au stockage) et le penus (chai, mais où l’on trouve aussi les provisions de bouche). Les maisons des plus riches peuvent compter jusqu’à une dizaine de pièces avec cuisine, pièce à pétrir...
L’existence des toits de tuiles est confirmée par la prospection pédestre sur les emplacements de fermes des XIIIe-XVe siècles. L’iconographie nous donne à voir quelques bâtiments ruraux. Il est nécessaire de faire appel à l‘archéologie (fouilles d’habitats désertés) mais surtout aux textes des XVIIe-XVIIIe siècles, aux vestiges en élévation de maisons modestes de cette période pour éclairer, compléter les sources médiévales.
Chaque type de source dévoile, de façon lacunaire, un pan du passé.